Expertiser : tout un art
Dans une situation où le secteur de l’art et de la culture est bouleversé, l’expert Fine Art s’efforce de rebondir et de s’adapter à toutes les situations.
L’art est un reflet de notre humanité et de notre culture. Il est le fruit de la subjectivité de son créateur et peut trouver un écho en chacun de nous. Derrière chaque œuvre d’art se trouve un bien physique ou un concept pouvant subir une dégradation volontaire ou accidentelle. Face à ces risques et leurs conséquences, l’expert Fine Art intervient.
Qu’est-ce que le Fine Art ? Une notion qu’il convient de définir avec précision pour en comprendre l’environnement, sa fragilité à l’heure d’une crise sans précédent et les moyens mis en œuvre par l’expert afin de préserver ce patrimoine culturel.
Un environnement unique…
D’un point de vue juridique, le Fine Art regroupe deux grandes catégories : les beaux-arts à savoir l’œuvre unique comme la peinture, la sculpture, le dessin… et la reproduction mécanique de multiples à l’instar de la photographie, de l’estampe etc. La définition juridique de l’objet d’art prend en considération plusieurs critères d’éligibilité : la rareté, la valeur, la touche de l’artiste et la signature. L’expert Fine Art intervient alors pour vérifier et préciser ces critères. Par exemple, seules sept reproductions d’un objet sont possibles pour le définir comme une œuvre d’art. Le Fine Art évolue et englobe de nouveaux domaines comme la joaillerie, la bijouterie et l’artisanat d’art. Nous avons donc à faire à un environnement dynamique intrinsèquement lié à la culture.
Exemple le plus évident avec les musées, lieux d’exposition par excellence. Ces derniers se distinguent en trois grandes catégories : les musées nationaux dont certains considérés comme des “superstars” selon Françoise Benhamou, spécialiste de l’économie de la culture. Ces musées, à l’image du Louvre, sont dépendants de l’Etat. Seconde catégorie, les musées de Paris gérés par Paris Musées et enfin, les musées des collectivités territoriales présents dans les villes, les régions et rattachés soit au Conseil départemental soit au Conseil régional concerné. Inutile d’être spécialiste pour admettre l’existence d’une hiérarchisation des lieux culturels avec en fin de chaine les petits artistes. Or, ces musées, implantés dans des déserts culturels depuis plusieurs années, ont été affectés au même titre que les grands musées par la crise du COVID 19.
Rien que pour les musées de Paris, les premières estimations font état de pertes estimées à 12 millions d’euros pendant le confinement. L’une des causes ? Les revenus habituellement générés par la billetterie et autres boutiques n’ont pu logiquement être réinjectés dans leur budget. De plus, les musées vont se heurter aux normes sanitaires limitant l’affluence, une nouvelle contrainte. A l’échelle mondiale, deux institutions se sont penchées sur l’impact du COVID sur le secteur. Pour l’UNESCO et l’International Council of Museums (ICOM), un musée sur dix ne pourra rouvrir ses portes au sortir de la crise. Au-delà des questions financières, le rapport au musée implique un changement nécessaire qui se traduira dans le secteur assurantiel.
En proie au bouleversement
La crise du coronavirus a souligné les disparités préexistantes entre les institutions culturelles. Les expositions temporaires physiques ont été soit annulées soit reportées, les œuvres étant contraintes par un planning parfois mondial de prêt entre les institutions. Les frais qui en découlent, comme l’assurance transport et Responsabilité Civile (RC), se retrouvent alors impactés. L’heure est donc au numérique et à l’adaptation des institutions culturelles. C’est notamment le cas pour les musées. Ces derniers font désormais entrer l’exposition chez les gens.
Les exemples sont nombreux. Le musée de l’Ermitage qui a filmé toutes ses salles d’exposition permanentes pour les retransmettre sur son site. Les Beaux-Arts de Lyon qui, pour subvenir à leurs pertes, ont rendu pédagogiques et divertissantes leurs œuvres par l’intermédiaire d’un hashtag sur les réseaux sociaux. Un privilège que tous ne peuvent s’offrir. En Afrique, seul 5% des musées ont trouvé une solution pour interagir avec leurs visiteurs lors de la crise. Notre rapport au musée est donc en passe de changer. Ces derniers vont se heurter à un vrai enjeu, celui de repenser leur mode de présentation et leur rapport au public. Ce qui était perçu comme définitif et absolu ne l’est plus. Les visites doivent être réorganisées dans le respect des gestes barrières. Ce qui assurément coûtera de l’argent, d’où les questions suivantes : Va-t-on vers une augmentation du prix de la culture ? Comment retrouver un flux similaire au passé avec cet ensemble de nouvelles consignes ? Des interrogations jusque-là sans réponse mais toutefois primordiales pour comprendre l’avenir du Fine Art.
Le milieu souffre mais n’est pas découragé. Comme beaucoup d’autres secteurs, cela prendra plusieurs années pour retrouver un rythme nominal. D’un point de vue assurantiel, aucun défaut de garantie n’est à signaler a priori. Nombre d’œuvres transportées peu de temps avant le confinement sont restées bloquées à leur port de destination. En général, celles-ci sont assurées sur le séjour. Il s’agit d’une assurance dit “clou à clou”, du propriétaire au musée et inversement une fois l’exposition terminée. Dans des pays confinés plus longtemps et plus durement, comme l’Espagne et l’Italie, les assureurs se sont engagés à effectuer des prolongations de garantie. Une solution logique pour rassurer les propriétaires. Ces personnes sont les principaux interlocuteurs de l’expert Fine Art. Une clientèle particulière où une relation de confiance est indispensable.
Expert Fine Art, entre sensibilité et technicité
En effet, ces objets ne sont pas simplement des œuvres d’art. Outre la valeur pécuniaire, ils revêtent aussi une valeur affective. L’accompagnement de l’expert est d’autant plus prégnant, au risque même de se confondre avec de la conciergerie. Une sorte d’expertise à l’ancienne où les interlocuteurs se connaissent et échangent. Ainsi nait une relation privilégiée où l’art se retrouve au centre. Dans le cas d’une première rencontre, des réunions préparatoires sont indispensables, fort enjeu et facteurs affectifs obligent. Ce premier contact est essentiel pour comprendre et sentir les émotions de l’assuré. A bien des égards, l’humain est difficilement remplaçable pour ce genre d’expertise. Le rationnel demeure une notion fragile face à un artiste, un collectionneur, un galeriste, un particulier ou tout autre personne détenteur d’une œuvre d’art sinistrée. Il est donc nécessaire d’être pédagogue, attentif à l’attitude de la victime tout au long du processus. Malgré les normes sanitaires actuelles, l’exigence de rapidité et d’efficacité, ce premier contact n’est que partiellement réalisable à distance. Explications.
Faisons un état de l’expertise Fine Art avant les restrictions des déplacements. Les typologies de dossiers sont nombreuses : Vol, casse, dégât des eaux, perte, fraude, incendie… L’expert Fine Art intervient aussi bien en dommage qu’en responsabilité civile. La volumétrie, quant à elle, se calque sur l’abondance de l’offre culturelle, des œuvres d’art en tout lieu et des dommages qui peuvent en découler. Prenons un exemple. Une société prestataire de ménage est mise en cause car l’un de ses employés a déplacé son échafaudage lors du nettoyage du salon d’un palace parisien et a heurté un tableau de grande dimension. L’expert Fine Art intervient. Autre exemple. De l’eau s’est infiltrée dans une galerie d’art au rez-de-chaussée, atteignant les œuvres sur son passage. Là aussi, il intervient pour mettre en place une recherche de fuites dans les étages supérieurs, chez les particuliers. Outre la constatation des dommages, c’est au contact de l’œuvre sinistrée que l’expert Fine Art peut exprimer toute sa technicité.
Plusieurs actions efficaces sont à engager avec adaptabilité, comme juger des dommages et étudier les possibilités d’une potentielle restauration. Dans tous les cas, l’expertise Fine Art ne peut que se retrouver bridée lorsqu’elle s’effectue à distance. Comment être sûr de l’authenticité d’un tableau sans analyser sa texture et son grain ? Comment attester de la dorure d’un meuble du 18ème siècle sans le voir et l’appréhender dans sa globalité ? Comment lancer la restauration d’une partition de musique sans se rendre compte de la qualité du papier ?
Une chose est certaine : sur place ou à distance, chaque œuvre d’art est unique et mérite donc une attention toute particulière.
Dans une situation déroutante où le secteur de l’art et de la culture est bouleversé, l’expert Fine Art s’efforce de rebondir et de s’adapter à toutes les situations, toutes les urgences. Au carrefour entre tous les interlocuteurs, il explique avec beaucoup de pédagogie sa démarche à des assurés inquiets pour leurs œuvres d’art. Un métier complet, nourri par l’expérience acquise lors de chaque dossier, permettant à l’expert d’établir ainsi une relation de confiance. Cette alchimie entre technicité, sensibilité artistique et confiance offre à l’expert des moments privilégiés dans des lieux exclusifs et confidentiels.
Camille BONNET & Caroline KRESS GRANDJEAN
Experts Fine Art – Stelliant Expertise