Expertiser le bien-être animal

L’agriculture a toujours évolué en fonction des périodes, des progrès des machines agricoles ou des évolutions sociétales. Aujourd’hui, le secteur fait face à de nombreux changements et tout autant de challenges à relever : nourrir une population plus exigeante sur les conditions de production et regardante sur le bien-être animal. La crise sanitaire a également prouvé la nécessité pour la France d’assurer sa souveraineté alimentaire afin de produire des aliments essentiels à sa consommation. Toutes ces transformations entrainent également une évolution du monde de l’assurance afin de limiter les risques et prendre en compte le bien-être animal dont l’expert saura être l’analyste en cas de sinistre.

Le bien-être animal au cœur des préoccupations des consommateurs

La demande en produits agricoles est en hausse constante avec une augmentation de la population. Les professionnels de l’agriculture sont soumis à une pression plus forte tant en termes de production que de réglementation qui devient de plus en plus restrictive. Les conditions climatiques sont également un facteur de changement : pics de chaleur plus fréquents ou changements brusques de températures avec apparition de gel demandant une adaptabilité tant des assurés que des assureurs.  Les agriculteurs doivent produire plus tout en prêtant attention au bien-être animal, duquel le consommateur se veut le « garant ». Il est alors nécessaire de trouver un équilibre entre le bien-être animal et la pérennité de l’agriculteur. 

La création d’un pacte bio sécurité

Depuis janvier 2021, un pacte « bio sécurité bien-être animal » en élevage est mis en place. Soutien apporté aux professionnels de l’élevage, ce pacte prend la forme d’aides à l’investissement pour renforcer la prévention contre les maladies animales et améliorer les conditions d’élevage. Ce plan de modernisation des filières animales, que ce soit les élevages ou les abattoirs, a l’ambition de répondre à différents enjeux :  

  • Renforcer la compétitivité des filières tout en répondant aux exigences alimentaires ; 
  • Investir dans la biosécurité pour prévenir les crises sanitaires en garantissant la prévention des maladies animales du type grippe aviaire, peste porcine ; 
  • Accompagner les éleveurs dans les investissements à venir.
     

Véritable preuve de la prise en compte des enjeux sociétaux par les pouvoirs publics, ce plan de modernisation est une première étape, tandis que de leurs côtés, les assureurs sont de plus en plus attentifs au bien-être animal qui, demain, pourrait très bien être pris en compte dans les calculs de franchise.  En prenant en compte ce point de vue assurantiel, de plus en plus de professionnels du monde agricole tentent de répondre aux changements climatiques (pics de chaleur par exemple) en construisant des bâtiments adaptés pour réduire, en cas de forte température, le risque de sinistre (mortalité sur un cheptel). 

Très attentifs aux nouvelles technologies, les assureurs voient en ce plan de modernisation de l’Etat une réelle volonté d’aider les agriculteurs, parfois réfractaires ou frileux de se voir attribuer des aides afin de mieux se protéger. Par exemple, pour assurer le bien-être d’un cheptel, les agriculteurs installent des clôtures pour isoler les animaux d’élevage de la faune sauvage, potentiellement vectrice de maladies animales, éventuellement transmissibles à l’humain. Ce plan pourrait également financer les audits destinés à identifier les facteurs de risques d’introduction de maladies et à dicter les mesures pour les prévenir. Autant d’actions qui, indirectement, vont dans le sens du bien-être animal, dont la santé est l’une des composantes. 

Un expert au service du bien-être animal

En plus d’être une préoccupation sociétale, le bien-être animal rentre également en compte lors d’une expertise. Compte tenu de l’évolution réglementaire, les assureurs effectuent une veille nécessaire à la révision de leurs polices d’assurance pour couvrir les nouveaux sinistres mais également couvrir les nouvelles technologies permettant de comprendre comment répondre au confort de l’animal. De son côté l’expert doit également être au fait des dernières normes et éléments juridiques pour accompagner au plus près l’assureur et l’assuré. En cas de sinistre, l’expertise permet non seulement de recueillir toutes les informations nécessaires pour tenter de résoudre un sinistre, mais également d’être conseil auprès de l’assuré sur les nouvelles technologies et les normes en vigueur au service du bien-être animal. Ces nouvelles technologies sont aussi utiles à la compréhension d’un sinistre, tels que les enregistrements en continu des paramètres d’élevage et d’ambiance, qui permettent de collecter des données enregistrées sur une période suffisamment longue pour, par exemple, analyser le comportement des animaux et expliquer ainsi leur réaction face à un phénomène qui a pu générer un sinistre. 

Aujourd’hui, toutes les technologies et l’implication des pouvoirs publics permettent de répondre à la demande sociétale du bien-être animal ; évolution indispensable de notre société nécessitant une prise en compte dans le domaine assurantiel. 

Stéphane LOC’H

Expert entreprise, spécialiste agricole – Stelliant

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